À propos des stars du cinéma Babuscio écrit : « [Le camp] est davantage une manière de se moquer de toute la cosmologie des rôles sexuels restrictifs et des identifications sexuelles dont se sert notre société pour opprimer ses femmes et réprimer ses hommes, y compris celles et ceux de l’écran13. 42 Dans Les Demoiselles, Monsieur Dame est amoureux de Solange, mais ne sait pas qu’elle est la fille d’Yvonne, une femme qu’il a aimée. Quand la princesse de Peau d’âne va voir sa marraine à propos du grave dessein qu’a son père de l’épouser, la fée des Lilas la gronde pour l’avoir dérangée alors qu’elle prépare sa toilette, c’est-à-dire dans sa mise en scène d’elle-même : elle ne veut pas encore être vue, même par la princesse, sa filleule, et s’exclame : « Vous, à cette heure ! Beaver affirme : « Avec le cannibalisme et l’inceste, [l’homosexualité] est l’incarnation même de l’autodestruction sociale dans sa recherche d’une proie à dévorer. Selon cet auteur, « la normalité se fait passer pour naturelle ; la perception gay de la superficialité littérale de la normalité a pour effet de dénaturaliser le normal. 36 Susan Hayward, notamment, souligne que la Belle est « terriblement déçue à la fin du film quand la Bête […] se transforme en prince charmant » (S. Hayward, French National Cinema, New York, Routledge, 1993, 2005, p. 47). La fée répond : « Y penses-tu ? Dans Peau d’âne, puis dans Lady Oscar qui se déroule à la cour de Louis XVI, Demy fait en tout cas preuve d’un goût esthétique pour la culture aristocratique des XVIIe et XVIIIe siècles dont on peut dire qu’elle se caractérise par la mise en scène (à la cour ou dans les salons) et la construction de l’identité individuelle69. Une princesse, conseillée par sa fée, refuse l’amour de son père en fuyant cachée dans une peau d’âne, qu’elle quitte parfois quand elle est seule dans sa cabane. 2 Jean-Pierre Berthomé, op. 11Je me concentrerai pour mon propos sur la notion de camp définie par Babuscio comme (1) subversion de la sexualité hétéronormative, (2) incongruité esthétique et (3) théâtralité ou représentation spectaculaire du soi. 7En 1781, une version en prose du conte est publiée et attribuée à Perrault. Demy met constamment en scène le regard narcissique du soi contemplant son reflet et le regard voyeur d’autrui, aucun des deux n’occupant une position stable d’objet ou de sujet dans le film, comme nous allons le voir. Peau d’âneest un véritable enchantement, porté par la musique et les chansons de Michel Legrand. cit., p. 152. Le choix de Marais par Demy transforme cette relation hétérosexuelle problématique en toute autre chose : une relation queer. Le film officiel de ce mariage fut diffusé dans Les Actualités françaises le 9 mai 1956. 68 C’est Mary Elizabeth Storer qui, la première, a identifié cette « vogue du conte de fées » dans Un épisode littéraire à la fin du XVIIe siècle : la mode des contes de fées (1685-1700), Paris, Champion, 1928. Quand le prince trouve la bague dans son gâteau, il annonce qu’il n’épousera personne d’autre que la femme capable de porter cette bague. 37Dans le conte écrit par Perrault et dans la version apocryphe de « Peau d’âne », la princesse prépare le gâteau, « vêtue d’un corps d’argent que vite elle laça/Pour dignement faire l’ouvrage58 ». Chez Straparola et Basile, le père incestueux est exclu de l’ordre sociopolitique, lequel est rétabli au terme du conte, par l’exécution ou par l’oubli. Merci, nous transmettrons rapidement votre demande à votre bibliothèque. Amour, Amour, je t’aime tant Amour, Amour, je t’aime tant Le perroquet Amour, Amour, je t’aime tant Conseils de la Fée des Lilas La situation mérite attention. Avec nonchalance, la fée des Lilas lui explique en chantant que les filles ne sauraient épouser leur père : c’est une question « de culture et de législature ». C’est l’auteur qui souligne. En outre, son recours aux miroirs fait clairement référence au cinéma de Jean Cocteau qui, dans presque tous ses films, établit une équivalence entre « les miroirs, le narcissisme et l’homosexualité78 ». De même, les appartements du roi regorgent de plantes grimpantes et le souverain est assis sur un trône en forme de chat24. Dans la lignée de Cocteau, Demy juxtapose l’ancien et le moderne, juxtaposition qui trouve son apogée dans la conclusion du film lorsque la fée des Lilas emmène le roi sur les lieux de la noce en hélicoptère. Yves G -Coucou Cri cri d’amour, Tu vois je te réponds. Comme le souligne Berthomé, « le végétal et l’animal montent encore à l’assaut de la pierre dans le château du roi bleu22 ». « Amour, amour, je t’aime tant … Pour vous l’amour est une aventure au quotidien. Demy concrétisa finalement cette envie en réalisant Peau d’âne, long-métrage interprété par Catherine Deneuve (la princesse) et Jean Marais (son père incestueux). Peau d’Âne est dans la forêt. ), Camp : Queer Aesthetics and the Performing Subject, Ann Arbor, University of Michigan Press, 2002 [1999], p. 54 ; et Oscar Wilde, « Formules et maximes à l’usage des jeunes gens », trad. » Ainsi l’homme gay peut-il s’identifier au père et le désirer, ou s’identifier à la mère et, à travers son identification à celle-ci, désirer le père. 18 Gwénaëlle Le Gras, « Soft and Hard : Catherine Deneuve in 1970 », Studies in French Cinema, vol. Voir Angela Carter, Burning Your Boats : The Collected Short Stories, introduction de Salman Rushdie, Londres, Penguin, 1997, p. 154-169. S’inscrivant dans cette lignée, Capellani mêle au conte de Perrault des éléments empruntés au Peau d’âne d’Émile Vanderburch (ou Vanderburck), Laurencin et Charles Clairville, féerie du music-hall populaire. cit., p. 139-164) que Perrault critiquait les mondaines et proposait un modèle de vie de famille bourgeoise, par lequel il assignait aux femmes les rôles de mère et d’épouse, mais pas de mondaine soucieuse de sa personnalité. Dès ce jour, le roi ne voulut plus jamais revoir sa fille et s’enferma dans son veuvage. Moyen de transport réaliste, l’hélicoptère semble ironiquement plus étrange dans ce film-conte de fées que ne le serait un carrosse volant imaginaire. D'abord Amour, Amour, sur le thème de la recherche de l'amour puis Rêves secrets d'un prince et d'une princesse lorsque l’amour est trouvé. Le père est puni pour son attention excessive et la fille doit porter une peau d’âne pendant un an et un jour afin d’expier sa vanité. » Le prince n’est qu’un substitut – imposé par une loi arbitraire – qui ne saurait remplacer pleinement l’objet originel du désir de la princesse : son père. 57Non seulement elle est une œuvre d’art, mais Marie-Antoinette est créatrice et admiratrice de l’art. Par toutes ses attaches avec les textes et les engins du monde moderne, la fée incarne l’avenir inscrit dans le passé et rappelle constamment au spectateur l’existence d’un écart entre notre temps et le non-temps (le passé intemporel) du conte représenté à l’écran, ce qui rend manifeste et, par là même, dénaturalise l’artifice du cinéma en tant que moyen d’expression. Un jour, le prince découvre sa demeure alors qu’il chasse. %���� Mais il souligne aussi le rapport qu’elle entretient avec son image. Enfin, en rendant hommage à Cocteau, Peau d’âne inscrit de facto Demy dans une lignée de cinéastes queer. Cette scène consiste en un redoublement des contrastes, avec l’image de l’élégante princesse dans la cuisine (effectuant une tâche domestique), d’une part, et celle de la princesse raffinée face à son double domestique et quasi animal, de l’autre. Dans le même temps, l’esthétisme gay doute de l’existence d’une manière d’être naturelle et, par conséquent, la reconnaissance de l’artificialité de la réalité constitue une démarche honnête46 ». La Blanche-Neige de Disney incarne la mère moderne, préoccupée non seulement par la propreté de son foyer, mais aussi par l’hygiène personnelle de ses « sept petits enfants », les nains63. Le miroir et le dandysme sont réunis dans la figure de Narcisse, souvent mise en scène dans les œuvres d’artistes queer, depuis la version qu’en donne Oscar Wilde dans « Le Disciple » et le Traité du Narcisse d’André Gide (1891) jusqu’à l’œuvre du mentor de Demy, Jean Cocteau, lui-même souvent rangé parmi les dandys modernes86. Il est possible d’interpréter le déploiement d’incongruités comme là encore, une dénaturalisation du normal, de ce que nous admettons comme normal dans la vie… ou dans un conte. Le seul véritable substitut de son père est la Bête et, comme l’ont noté certains critiques, la Belle semble déçue lorsque « ma Bête » se change en bel homme36. C’est la princesse qui joue le rôle de prédateur ou de chasseur et tend le piège à sa proie. cit. En contrôlant le regard du jeune homme, c’est elle qui est en situation de pouvoir et non le prince. 9Dans ce chapitre, je souhaite analyser la manière dont Demy apporte une tonalité camp au conte de Perrault pour donner sa forme au film et, par là même, mettre en évidence ce que ce conte recèle de si fascinant pour le cinéaste. Dans un entretien avec Bernard Bastide, Agnès Varda souligne à quel point le cinéaste aimait ce film et qu’adulte, « il n’a eu de cesse de se procurer des copies 16 mm de ces titres en dessin animé de Walt Disney, que nous regardions à Noirmoutier, lui surtout » (voir Bernard Bastide, « Plus que les contes… », art. cit., p. 245). Bohèmes et bo... Chapitre III. Pourtant, comme l’indiquent clairement les vers extraits du film qui figurent en exergue de ce chapitre, Demy en fait aussi l’histoire d’une fille qui désire son père et voudrait l’épouser. Petite plume, Dis lui combien je l’aime, Montre lui que sans lui tout nés plus que amertume, Écrit lui se qui ne peut voir grâce a tes poème… Dessine lui se qu’il représente a mes yeux, Chuchote-lui avec tes mots doux, Tout l’amour que je lui porte comme je le veux, Il es mon petit […] Oui, ce n’est pas tant l’être aimé qui vous fascine, mais tout ce qui en découle. » Dans tous ces films, Demy aborde l’inceste avec légèreté, alors que pour la majorité du public, il s’agissait d’un tabou très lourd, à l’instar de l’homosexualité. Dans ses propres mémoires (Un monde à l’envers, 2004), Allégret décrit les incidents au cours desquels Montand a abusé d’elle et même tenté de la violer. « Libretto », 1986. Cette scène brouille les distinctions entre narcissisme, voyeurisme et exhibitionnisme, car la princesse se regarde et regarde le prince, et se fait sciemment l’objet du regard du jeune homme82. » Elle passe alors une robe couleur lilas, se regarde à nouveau et affirme : « Oui, c’est mieux », en ajustant sa coiffure. Peau d'âne (Bande originale du film) Michel Legrand. Cette bouche féminine évoque celle qui est incorporée dans la paume de la main du peintre du Sang d’un poète. 4L’historique textuel, théâtral et cinématographique de ce conte laisserait penser que lire l’histoire d’un père incestueux était moins dérangeant que la voir représentée sur scène ou à l’écran. De plus, cette scène joue sur les représentations de la femme comme beauté éthérée, incarnée à la perfection par Catherine Deneuve en princesse, par opposition avec la représentation de la femme comme animal, figurée par le double de la princesse qu’est Peau d’âne. 46 Richard Dyer, Now You See It : Studies on Lesbian and Gay Film, New York, Routledge, 1990, p. 66. cité, p. 136. Les contrastes s’accentuent lorsque les broussailles s’entrouvrent pour laisser la princesse entrer dans la demeure forestière de sa marraine, clin d’œil à « La Belle au bois dormant » de Perrault. » Plus loin, Beaver met en relation le tabou de l’homosexualité – considérée comme un mélange de caractéristiques masculines et féminines – avec la loi biblique, en particulier celle du Deutéronome et du Lévitique, dont les interdits établissent et maintiennent les définitions distinguant la femme de l’homme, l’animal de l’humain, la plante de l’animal, qu’il est considéré comme « impur » de mélanger entre eux20. Comme je le montrerai, Demy donne une version camp de ce classique du conte en en faisant ressortir les éléments potentiellement subversifs présents dans des versions antérieures de ce récit et en y introduisant des caractéristiques de l’esthétisme gay, le cinéma de Jean Cocteau étant pour lui une source particulière d’inspiration. 26 L’auteur cite ici l’une des définitions du terme « primitive », donnée en anglais par l’Oxford English Dictionary (N. D. T). Cette scène fait penser au film d’Albert Capellani dans lequel Peau d’âne se regarde dans l’eau d’un étang tandis qu’elle garde des moutons, ainsi qu’à l’Orphée de Cocteau où le personnage joué par Jean Marais regarde de manière semblable son reflet dans une grande flaque. En second lieu, l’association de l’homosexualité avec l’inceste ne rend guère justice au désir queer qui s’en trouve stigmatisé comme forme anormale et perverse de sexualité. Bon l'histoire est bien, c'est un conte intéressant ça y a pas de soucis, mais l'adaptation est vraiment mauvaise. Si l’inceste est représenté comme une loi arbitraire dont le fondement est culturel et non naturel, il peut être aussi considéré en fonction du désir du sujet queer pour le père, projeté sur l’héroïne qui, elle-même, devient une « bête », à la fois animale et humaine, masculine et féminine. Vêtu de rouge alors qu’il traverse la flore verdoyante, le prince ressemble lui-même à une rose dans la forêt. stream 15La précarité de la prohibition de l’inceste est mise en évidence dans la scène où la princesse, après avoir appris les intentions de son père, va voir sa marraine, la fée des Lilas (Delphine Seyrig) dans sa demeure forestière, autre lieu où nature et culture, humain et animal, se mélangent et coexistent27. Paroles de la chanson Amour Amour par Peau d'Ane. « La Pléiade » 1996, p. 970. Dans plusieurs de ses contes, notamment « La Belle aux cheveux d’or », « L’Oiseau bleu », « Le Prince Lutin », « Le Mouton », « Babiole » et « Le Nain jaune », les personnages s’admirent, ou déplorent leur défigurement magique, dans des miroirs. L’objet de beauté qu’est la reine est mis en avant lorsque Élisabeth-Louise Vigée-Le Brun peint son célèbre portrait de la souveraine. 32 À certains égards, la valorisation de la « bête » chez Cocteau et Demy fait aussi penser à la nouvelle d’Angela Carter « The Tiger Bride », dans laquelle l’héroïne se transforme en bête, au lieu de la bête changée en prince, autre forme non normative de sexualité partagée par le héros et l’héroïne. Pénélope. 1, no 5, 1880, p. 415. On relèvera toutefois que, dans La Belle et la Bête, Cocteau a donné au prince, double de la Bête, le nom d’Avenant, comme le personnage de « La Belle aux cheveux d’or » de Madame d’Aulnoy. 27Il est néanmoins possible de comprendre la légèreté avec laquelle Demy aborde l’inceste à la lumière de la « dénaturalisation du normal », pour reprendre l’expression de Richard Dyer. Par un simple coup de baguette magique, elles peuvent transformer une forêt en boudoir et une humble maisonnette en appartements princiers, et ainsi transcender les limites et les contraintes d’une réalité parfois rude afin de créer les accessoires et les contextes nécessaires à leurs mises en scène esthétiques. 60 Voir M. Thomas Inge, art. Par conséquent, la remise en cause de ces oppositions constitutives de l’ordre sociosexuel de la France de l’après-guerre sape la logique du genre qui en est le fondement. Lorsque les nains rentrent chez eux, elle les oblige à se laver avant de manger, dans une scène assez drôle. Demy, Jacques (Réalisateur) Le conte de Charles Perrault, revu par Jacques Demy, en version restaurée 2014 ! Elle fait son apparition vêtue d’une robe somptueuse, le prince et la princesse se marient, la princesse se réconcilie avec son père pendant les noces. Contrairement à Perrault, apologue de la vie de famille, Marie-Catherine d’Aulnoy, sa contemporaine, célèbre dans ses œuvres la culture aristocratique des débuts de l’époque moderne71. C - 13013 Marseille FranceVous pouvez également nous indiquer à l'aide du formulaire suivant les coordonnées de votre institution ou de votre bibliothèque afin que nous les contactions pour leur suggérer l’achat de ce livre. 10À partir de l’œuvre de Susan Sontag, Jack Babuscio a forgé une définition du camp que je reprends ici comme cadre général pour réfléchir à l’esthétisme gay. Joleen. 41Demy accentue de manière comique les incompatibilités et les tensions qui distinguent les deux fonctions principales des femmes dans la société bourgeoise : la femme comme spectacle ou objet de désir (valeur d’échange) et la femme comme domestique (valeur d’usage)65. 56 Camille Taboulay, op. L’inceste fonctionne, fût-ce de manière problématique, comme une représentation des sexualités queer. cit., p. 69). 4 Raphaël Lefèvre s’intéresse à d’autres allusions à l’inceste dans l’œuvre de Demy, notamment dans « La Luxure », sketch réalisé par le cinéaste pour Les Sept Péchés capitaux (1962), Lola et Les Demoiselles de Rochefort. Dans le film de Demy, le prince rêveur qui croit aux fées erre dans la forêt ; quand il découvre la maison de Peau d’âne, il n’est pas libre de choisir l’endroit d’où il pourra l’observer. 55Neuf ans après la sortie de Peau d’âne, Demy s’est inspiré des personnages de la fée des Lilas et de la princesse pour construire sa vision de Marie-Antoinette dans Lady Oscar. 34 Irène Eynat-confino, On the Uses of the Fantastic in Modern Theatre : Cocteau, Oedipus, and the Monster, New York, Palgrave, 2008, p. 93. ». Les hommes et les chevaux bleus du royaume de la princesse et ceux, tous rouges, du royaume du prince font penser au « cheval d’une couleur différente » de la cité d’Émeraude du Magicien d’Oz ; mais ces hommes colorés rappellent aussi, par leur posture sculpturale, les statues vivantes de La Belle et la Bête et de la trilogie orphique de Cocteau57. Par exemple, la princesse qui habite le château bleu de la fin du Moyen Âge s’habille selon les conventions du XVIIIe siècle, alors que le château rouge de la Renaissance abrite un prince vêtu à la mode du XVIe siècle54. de l’anglais par Dominique Jean, dans Œuvres, Paris, Gallimard, coll. OpenEdition est un portail de ressources électroniques en sciences humaines et sociales. On peut voir dans le Peau d’âne de Demy une critique queer et féministe du conte de fées et de la culture de cour dont il est issu. 85 Voir Marie-Catherine d’Aulnoy, « L’Île de la félicité », dans Contes I, introd. En réaction au chaos et à la diminution de la population provoqués par la Seconde Guerre mondiale, la politique familiale française a fait marche arrière sur la question des droits des femmes pour se concentrer sur « la constitution de familles nucléaires avec enfants, dans lesquelles le père travaille à l’extérieur et la mère se consacre au foyer16 ». Rechercher sur le site. Le Gras cite également le magazine Look à propos de Deneuve (voir Gwénaëlle Le Gras, art. L’amour se porte autour du cou, le cœur est fou Quatre bras serrés qui s’enchaînent l’âme sereine Comme un foulard de blanche laine L’amour s’enroule et puis se noue Amour, Amour, m’a rendu fou. <> 43 Analysant l’inceste de Trois places pour le 26 du point de vue très différent de la culture administrative, Vivian Labrie interprète l’inceste comme figure des relations au travail et, de manière intéressante, relie son analyse aux contes populaires ayant ce thème (voir V. Labrie, « Help ! 39 Freud analyse l’homosexualité en fonction de la « fixation à la mère » qui peut faire des « précoces rivaux […] les premiers objets homosexuels », l’un des principaux rivaux étant le père (Sigmund Freud, « De quelques mécanismes névrotiques dans la jalousie, la paranoïa et l’homosexualité », trad. Elles ont pour fonction de dénaturaliser les perceptions conventionnelles de la « réalité », y compris la sexualité. […] Mes cheveux sont dans un désordre… Ma toilette74. Mais il souligne aussi le rapport qu’elle entretient avec son image. Les larmes abîment et creusent le visage. À travers ses incongruités visuelles et temporelles, le film de Demy va même jusqu’à dénaturaliser le conte qui, sous sa forme écrite, a été apprécié par des générations d’enfants et d’adultes jusqu’à nos jours, mais dont l’absence de représentations cinématographiques est le signe de sa nature problématique. Comme avec la fée, nous découvrons d’abord Marie-Antoinette devant son miroir, assistée du coiffeur royal qui lui sculpte la chevelure et y incorpore une réplique de bateau en argent. Farmer évoque ici l’investissement qu’effectue le sujet queer dans un texte ou un objet culturel, auquel il confère « des vertus presque talismaniques afin de réparer ou de rectifier un socius [ou lien social] dégradé89 ». Cette scène mêle scatologique et signes de richesse, fonctions basses et hautes, déchet et gain. Les protagonistes portant des vêtements raffinés détonnent par rapport au cadre naturel et entre elles, car leurs styles vestimentaires respectifs appartiennent à des périodes historiques différentes. a été publié et réédité en 1838, 1863, 1867 et 1883. Il y a hélicoptère avec le roi et la fée. Liberté artistique et satire grotesque. x��[[o�~��0}2YX����.��p�N�FV%3/&)����/)���_��3��!�f�yhG"wgϜ�w.�:���w�lϾ���r��g�����z�_/8��f~���_���b�:���f������|{q��^�bW�OOί9�{wz�Y�q&�L3Qf��_��������ÄM`�9=��tz��,*�ińʊ���q��l;?=���j�d�����Y�0���#w�)��Ȏ(~G���o_1v����՛�,wʂ�*-AɳB1�g�b:��)����Y��s�^�Y%Qn�R�3O�k��&"Tv*���2�ebB�Lf�)�7b&�ay&U?�l{�v�/d���陘�c?U���M��-\���TL��c=�|��M�d ���'b�:���ԫ������U&����w�[�8��������s5?�ިD������-64T n�,������Kv �.����My���j��n�X�`�|���8֐�Ő��L�h�t��UY��*�8�#�?��Ţ+.ѹ�hg��,�w.�A77��E�Wy^\����0�Q�. Même « La Ségur », la célèbre comtesse auteur d’histoires pour enfants du XIXe siècle, a aussi sa place au panthéon des divas aristocratiques de Jacques Demy. La préoccupation évidente de Demy pour la question de l’inceste dans son cinéma indique que ce pourrait bien être le cas. 17 Dans L’Univers de Jacques Demy (Agnès Varda, 1995), édition DVD Ciné Tamaris, 2003. 26Je n’insinue pas pour autant que Demy admettait l’inceste.